QUELQUES MOTS

Quelques mots d’histoire sur Hercule Florence

Par Francisco A. Florence Neto,
arrière-arrière-arrière petit-fils d’ Hercule Florence
et d’ Antoine Fortuné Florence

(traduit par Fernando de Almeida, 31/10/2005)

Introduction

Antoine Hercule Romuald Florence est né en 1804 à Nice. Orphelin de père avant ses quatre ans, il habita à Monaco durant quinze ans avec sa mère et ses frères.
Deux importants évènements changèrent la trajectoire de sa vie: l’engagement dans la marine royale française et la participation à l’Expédition Langsdorff.
Il s’engagea dans la marine à dix-neuf ans comme apprenti matelot. Et, en avril 1824, dans l’équipage du navire français “Marie Thérèze”, il arriva à Rio de Janeiro et ensuite decida d’y rester.
Em 1826, pendant les préparatifs de l’Expédition Scientifique dirigée par le Baron Von Langsdorff, il hébergea à Porto Feliz chez le docteur et politicien Alvares Machado. C’est lá qu’il connut Maria Angélica avec qui il se maria em 1830, fixant ainsi résidence à Campinas, dans l’état de Sao Paulo.

Hercule fut, principalement, artiste, aventurier, scientifique, et inventeur.

L’artiste

Son père fut professeur de dessin à Nice. Son grand-père maternel étudia la peinture à Rome. Un de ses oncles maternels gagna le premier prix de peinture à l’Académie Française. Les autres membres de la famille du côté maternel avaient aussi une prédilection pour la peinture.
Hercule avait par conséquent hérité d’une prédisposition génétique pour l’art pictural en plus de recevoir l’influence de l’ambiance familiale. C’est ainsi que tôt dans sa vie, il manifesta ce penchant naturel pour le dessin qu’il apprit sans l’aide d’un maître.
Au Brésil, en septembre 1825, il fut engagé comme second dessinateur de l’Expédition Langsdorff et fit des dessins et aquarelles d’indiens, esclaves, plantes, animaux, rivières, cascades d’eau, villes, villages et autres endroits qu’il visita durant le voyage.
Quand il s’intéressait à la formation des nuages, le ciel de Campinas inspirait de belles aquarelles. Et il réalisa sur ce sujet une étude qu’il appella ‘‘Atlas pittoresque des ciels ’’ ou ‘‘ Traité des ciels, à l’usage des jeune paysagistes’’. Son objectif était de reproduire exactement les couleurs et les différents aspects du ciel car il pensait qu’il était possible à travers la peinture de transmettre tous les effets de lumières tels qu’ils se manifestent dans la nature.
En 1832, il devellopa quelques études qu’il nommera ‘‘Tableaux Transparents de jour’’.Cela consistait à réaliser des trous dans des espaces choisis pour représenter les lumières et les reflets sur la toile. L’effet était observé quand on regardait le tableau dans une pièce sombre en utilisant l’incidence de la lumière soit d’une bougie, soit du soleil à travers la toile.
Il peignait aussi avec la vision du scientifique et ceci peut être notée, par exemple, dans l’aquarelle qu’il fit des Apiacas, dans des villages qu’il visita en avril 1828.
Hercule fut professeur de dessin à l’école Florence, école destinée à l’éducation féminine et fondée à Campinas en 1863 par sa seconde épouse, Carolina krug, originaire d’Allemagne.
L’art lui a inspiré quelques recherches comme : l’expérience sur l’impression de tableaux à l’huile ou estampes coloriées ; l’emploi de l’huile de ricin dans la peinture à l’huile qu’il nommera cellographie, aquarrélographie, peinture solaire, peinture cisparente et stéréopeinture qui serait un processus de peinture à l’huile pour reproduire les effets de lumière comme observées dans la nature.
Au delà de l’artiste confirmé du crayon et du pinceau, Hercule fut aussi un artiste de la plume. Et comme écrivain et poête, son jounal de voyage étonne par la correction et la clareté de ses descriptions.

L’aventurier

Cette phase de sa vie, représentée par les voyages qu’il fit, soit par voie terrestre, maritime ou fluviale, a commencé dès l’adolescence lorsque il lisait des romans comme par exemple “les aventures de Robinson Crusoé” de l’écrivain anglais Daniel Defoe.
La lecture de Robinson a réveillé en lui cet esprit d’aventurier et la volonté de voyager et de connaître le monde.
A seize ans, dans un navire affrété par um riche commerçant de Nice, il embarqua em direction d’Anvers où, sans emploi, il décida de retourner à Monaco. A dix-neuf ans, il entra dans la Marine Royale Française comme apprenti. Em février 1824, dans l’équipage du bateau “Marie Thérèze”, il partit pour um voyage de circumnavigation.Après quarente cinq jours, navigant sur l’Atlantique, il arriva à Rio de Janeiro où il trouva du travail dans um magasin de tissu et décida ainsi d’y rester.
Il avait vingt ans et considérait que les vrais biens de la vie se résumaient dans la simplicité, le travail et la tranquilité de l’imagination. Il avait une soif de savoir et désirait connaître le monde, s’instruir et progresser dans l’étude de la science.
A 21 ans, il fut engagé par le baron Von Langsdorff pour participer d’une expédition scientifique traversant l’intérieur du Brésil. Et, durant trois ans et demi, par terre, mer et grandes rivières, il connut diverses villes.
Cet époque d’aventurier s’arrèta avant ses 26 ans au moment où il se marrie et s’installe à Campinas.

Le scientifique

A seize ans, durant ses études de matématique et physique, il fit des projets de canaux fluviaux de navigation et rêvait de machines hidrauliques à mouvement perpétuel. A 17 ans, il imagina une pompe d’eau qu’il appela “Noria Hidrostatique”.
Il avait une bonne connaissance de chimie qui fut très utile pour la conception, l’élaboration, la recherche et l’execution de la photographie, entre les années 1832 à 1839.
Son premier ouvrage d’étude et de recherche, celui qui révéla son penchant pour la science, fut la “Zoophonie” qu’il publia em 1831 avec le titre de: “Recherches sur la voix des animaux ou essai d’un nuveau sujet d’études, offert aux amis de la nature”.
C’était un artiste avec une vision de scientifique et un scientifique avec l’intuition d’un artiste.
Dans son manuscrit, il décrivit les études et les recherches qu’il fit sur la découverte de la photographie.
Il écrivit aussi sur d’autres sujets, comme: la noria hydro-pneumatique, les études du ciel pour l’usage des jeunes paysagistes, les moyens d’imiter parfaitement leclair de lune et l’éclat des étoiles dans les tableaux transparents, la compression du gaz hydrogène appliquée à la direction des aérostats et une méthode de fabrication de chapeaux de pailles.
En 1841, il publia une brochure intitulée “Essai sur l’impression des billets de banque pour um processus totalement inimitable, précédé de quelques observations sur la gravure de ces mêmes billets, et les manières de remarquer ceux qui sont faux”.
Le premier août 1853, il publia une brochure en polygraphie composée de 16 pages et intitulée “Découverte de la Polygraphie”.

L’inventeur

La phase de l’invention commença début 1830, quand il habitait à Campinas.
Pour imprimer son étude sur la Zoophonie, il commença ses recherches sur un système plus simple et accessible de l’impression qu’il appelle Polygraphie.
Une des propriétés de ce système était de permettre l’impression de toutes les couleurs simultanément. L’objectif d’Hercule était aussi la reproduction de ses études et dessins. Les années passèrent et Hercule fit une utilisation pratique de la Polygraphie, la perfectionnant constamment arrivant à un stade qui ne nécéssitait plus l’utilisation d’une presse pour imprimer. Il désirait obtenir la meilleure impression et celle-ci d’une manière beaucoup plus simple.
Et, se concentrant sur cette nouvelle activité, il conçut la photographie ou l’impression par la lumière solaire en 1832. Sa première expérience photographique se déroula le 15 janvier 1833 quand il improvisa une caméra obscure et obtint, après quatre heures d’exposition,
l’image de ce qui pouvait être observer d’une fenêtre de sa demeure à Campinas.
Il utilisa ce processus pour obtenir des copies, par contact, de diplomes maçonniques et d’étiquettes de pharmacie, car son intention était d’utiliser la lumière solaire comme méthode d’impression.
Il abandonna ses recherches après qu’il sut , en 1839, que Daguerre avait, en France, découvert le mode de fixer l’image sur plaque de cuivre.
A l’époque, il y avait beaucoup de chercheurs européens occupés à la découverte de la photographie et, tôt ou tard, l’annonce de cette invention serait annocée.
Cependant, au contraire de ce qui arrivait en Europe, son invention au Brésil, à Campinas, se devait vraiment à sa génialité, surtout, comme certains auteurs observaient, quand le contexte social, économique et culturel dans lequel il vivait ne lui offrait pas, de manière satisfaisante, les conditions idéales pour son travail.
Ses études et ses recherches par rapport aux inventions consistaient aussi dans: la Noria hydrostatique haute pression destinée à l’irrigation, le papier inimitable, l’emploi des types-sillabes quand il assembla chaque consonne avec une voyelle pour simplifier le travail de la composition typographique, le dictionnaire synoptique qui était toujours ouvert à la page du mot recherché et la pulvographie que était l’impression par la poudre.

Prévisions et pionnier

Quand il avait à peine 21 ans, on remarquait déjà sa grande capacité d’observation et de déduction. A l’époque, pendant quelques jours dans la ville de Cubatao, il remarqua que le climat dans cette région était toujours malsain car les montagnes aux alentours ne permettaient pas une bonne circulation de l’air. Et, en accord avec ses prévisions, Cubatao, plusieurs années après, a été considérée comme une des villes les plus poluées du monde, à cause de la fumée produite par ses usines.
Il fut aussi un des pionniers de la recherche au Brésil, en publiant son étude sur la Zoophonie, la nouvelle science qu’il découvrit et qui s’appelera Bioacoustique au vingtième siècle. Ce fut le premier à rendre évident que le signal sonore de communication animale est spécifique. Il a prévu que les forêts seraient détruites par le feu et par l’homme provoquant en conséquence l’extinction et la disparition d’espèces animales.Ceci expliquerait pourquoi les descriptions des animaux s’accompagnaient aussi du type de som qu’ils produisaient. Une des analyses prouvées aujourd’hui de ce qu’il observa est le fait que, en forêts tropicales denses qui ne permettent pas la visualisation des oiseaux, ses espèces soient identifiées à peine par le type de chant qu’ils émettent. Hercule est considéré le ”Père de la bioacoustique” par le professeur et ornithologue Jacques Vielliard.
Il savait que l’impression aurait la facilité de nos jours quand il écrit:”ce sera si facile d’imprimer, comme écrire avec une plume, encre et papier”. Et avec l’utilisation pratique de la polygraphie, il introduisait l’impression graphique à l’intérieur de l’état de Sao Paulo.
Il fut un des précurseurs mondiaux de la photographie et le pionnier en Amérique selon Boris Kossoy. Il fut pionnier quant au terme photographie.Il fut le précurseur dans l’usage de l’ammonium comme aide dans la fixation de l’image et pionnier dans l’utilisation du papier aux essais photographiques.En 1833, à 29 ans, il écrivit qu’il serait possible de prendre une photo d’une personne, et à partir d’une image négative, obtenir la positive. En juillet de la même année, il parlait d’une future possibilité de fixer sur papier les couleurs des objets photographiés.
Il fut considéré un pionnier dans l’étude des nuages par le météorologiste Rubens Junqueira Villella.
Il installa la première typographie à Campinas où fut imprimé, en 1842, le premier jounal de la province dans l’état de Sao Paulo, appelé “O Paulista”.
Il fut le premier à faire un rapport complet sur les indiens Apiacas.C’est lui qui organisa le matériel utilisé dans l’expedition Langdorff. C’est encore lui qui sera responsable de la divulgation des faits de l’expédition, notamment par la publication en 1875 de son journal de voyage, traduit par le Vicomte de Taunay qui le considérait Patriarche de l’Iconographie Pauliste.
Dans son journal de voyage, il fit des descriptions détaillées des palmiers qu’il trouvait magnifiques. Il écrivit qu’ils représentaient un petit temple réunissant la colonne, le chapiteau et la voûte. Et,en 1852, il idéalisa un septième ordre de l’architecture utilisant le palmier comme modèle, lui donnant le nom d’ Ordre Brésilien. Aujoud’hui, un projet de ce type serait considéré une aplication de la bionique dans l’architecture.
Il eut aussi un rôle important dans l’ethnographie et l’iconographie du pays, montrant le paysage, la vie économique, la mentalité, les usages et coutumes de la population.
Pour l’historien Komissarov qui le considérait le “Léonard de Vinci” du Brésil, ses aquarelles, au delà de l’intérêt scientifique, sont l’évidence d’un art et talent, hélas pas encore reconnus à ce jour. Et le zoologue Paulo Vanzolini signalera la fine qualité artistique de ses oeuvres.
Enfin, selon l’écrivain Mario Carelli, des studieux contemporains et spécialistes reconnaissent qu’Hercule fut le peintre, le topographe, l’ethnographe et le naturaliste plus digne et fidèle du Brésil du début du siécle 19.

Conclusion

Le rêve d’adolescent d’Hercule était de voyager le monde, mais, dans l’équipage d’un navire de circumnavigation, débarquait à Rio de Janeiro où il décidait d’y rester. Et plus tard, participait de l’Expédition Langdorff.
C’est ainsi qu’il continuait à vivre, loin de sa terre natale, fixant résidence à Campinas où, après deux mariages et plusieurs enfants, décéda à 75 ans. Il n’a pas connu toutes les régions du monde comme il le voulait, mais laissa à ses descendants un riche héritage génétique. Car son talent révéla la sensibilité et l’intuition de l’artiste , le courage et la bravoure de l’aventurier, le savoir et la perspicacité du scientifique et enfin la créativité et l’ingéniosité de l’inventeur.